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Date : 09-03-2024 13:31:58
www.francesoir.fr/societe-sante/aurelien-rousseau-absence-d-effets-secondaires-lea-salame
08/03/2024
Aurélien Rousseau et son "absence d’effets secondaires". Pour le CDJM, France Inter aurait du rectifier cette information inexacte
Le 3 octobre 2023, Aurélien Rousseau, ancien ministre de la Santé, répondait à Léa Salamé sur France Inter à propos de la campagne de vaccination covid-19 qui était juste lancée.
La journaliste qui interrogeait Aurélien Rousseau lui a posé la question :
« on ne va pas forcer les gens à se faire vacciner (i.e contre la COVID-19) donc comment pouvez-vous convaincre les personnes qui nous écoutent ce matin d’aller tout à l’heure se faire vacciner ? »
Aurélien Rousseau répondait :
« Je leur dis, on a un vaccin qui est plus efficace que celui de l’an dernier, il correspond parfaitement aux souches, bon voilà, et on a un vaccin, maintenant, on a 3 ans de recul, on sait qu’on n’a pas d’effets secondaires et donc il faut y aller ! »
Aurelien Rousseau a été visé par plusieurs plaintes à la Cour de Justice de la République dont celle du Pr Perronne et de Xavier Azalbert qui a été classée sans suite au motif que rien ne paraissait choquant dans les propos tenus par le ministre. Le Pr. Perronne et Xavier Azalbert avait en conséquences déposé une plainte conte les magistrats de la CJR pour déni de justice, elle aussi classé rapidement sans suite. Ne s’en tenant pas là, Xavier Azalbert avait fait une saisine quasi identique de l’ARCOM et du CDJM Conseil de déontologie journalistique.
L’ARCOM botte en touche en une réponse incomplète
Réunie en collège plénier le 7 février 2024, l’ARCOM a délibéré et la direction de la communication a transmis la décision à France-Soir le 4 mars 2023. Elle estime que « la diffusion ne saurait constituer un manquement de la station à ses obligations déontologiques en matière d’honnêteté de l’information dans la mesure où la formulation litigieuse s’apparente à une facilité de langage et non à une volonté de tromper le public, l’ANSM considérant, en l’état des connaissances scientifiques actuelles, que les vaccins contre la covid-19 sont efficaces sur la population ciblée par la vaccination en France. Dès lors, elle n’est pas intervenue à son encontre. »
L’ARCOM s’est donc contentée de répondre partiellement sur un seul des deux points visés, à savoir l’efficacité et n’a donc pas répondu sur les effets secondaires. Ce qui est étonnant puisqu’ils mentionnent l’ANSM, qui ne peut ignorer leur existence.
Le CDJM juge que la publication n’a pas fait son travail en ne corrigeant pas l’erreur et Léa Salamé échappe de justesse au grief d'exactitude et de vérité
Le CDJM a statué le 13 février sur une saisine de Xavier Azalbert du 7 octobre 2023 et de Monsieur Nougaret du 2 janvier 2024.
M. Xavier Azalbert, directeur de la publication de Francesoir.fr, a saisi le CDJM à propos du contenu d’une séquence diffusée par France Inter à 8 h 20 dans l’émission « le 7/10 » du 3 octobre 2023. Il énonce trois griefs : non-respect de l’exactitude et de la véracité, absence d’offre de réplique et absence de distinction entre publicité et information. Il estime que Madame Léa Salamé, journaliste, n’a pas respecté l’obligation d’exactitude et de véracité en ne questionnant pas M. Aurélien Rousseau, ministre de la Santé, sur les effets secondaires de la vaccination contre la covid-19. Il note que la journaliste « n’a pas repris le ministre de la Santé sur l’existence des effets secondaires de la vaccination » et argue qu’il y a défaut d’offre de réplique car « le ministre de la Santé qui n’est pas médecin n’avait pas de contradicteur alors qu’il s’exprimait sur un sujet du ressort de [son ministère] ».
Le 2 janvier 2024, M. Gilles Nougaret a saisi le CDJM du contenu de la même séquence, en ajoutant au grief d’inexactitude celui de non-rectification d’une erreur.
Ni France Inter, ni Léa Salamé mis en cause n’ont apporté de réponse au CDJM
Dans l'avis du CDJM, on peut lire que le 20 octobre 2023, puis le 18 janvier 2024 après réception d’une seconde saisine introduisant un nouveau grief, le CDJM a adressé à M. Jean-Philippe Baille, directeur de l’information de Radio France, avec copie à M. Marc Fauvelle, directeur de l’information de France Inter, et Mme Léa Salamé, journaliste, un courrier les informant de ces saisines et les invitant à faire connaître leurs observations, comme le prévoit le règlement du CDJM, dans un délai de quinze jours. À la date du 13 février 2024, aucune réponse n’est parvenue au CDJM.
Le CDJM en séance a donc revu la saisine et conclut à un fondement partiel
Réuni en séance plénière le 13 février 2023, le CDJM estime « que la règle déontologique d’exactitude et de respect de la véracité n’a pas été enfreinte par la journaliste de France Inter ». Cet avis a été adopté à l’issue d’un vote à égalité des voix (8 pour, 8 contre), départagé par la voix prépondérante de la présidente selon le Règlement intérieur.
De plus, six des conseillers, ayant voté contre la décision de ne pas retenir le grief d’inexactitude et d’atteinte à la véracité, ont tenu à ce que l’expression d’avis minoritaire soit insérée en application de l’article 6 alinéa 4 du règlement intérieur du CDJM. En voilà la teneur :
« En octobre 2023, soit presque trois ans après la première vaccination contre le virus du Covid, la journaliste qui conduisait l’entretien avec le ministre de la Santé ne pouvait ignorer, selon nous, la question des effets secondaires, documentés notamment par les organismes de santé publique. Cette question a également fait l’objet de nombreux traitements dans les médias.
Nous remarquons qu’à la fin de cette interview d’environ vingt-cinq minutes, le thème des effets indésirables est abordé à propos du cannabis thérapeutique.
À nos yeux, les conditions de réalisation (en direct) et le manque de temps pour réagir ne nous paraissent pas suffisants pour justifier l’absence de nuance qu’aurait dû apporter la journaliste aux propos du ministre.»
Les conseillers du CDJM sont donc non seulement bien informés de l’existence des effets secondaires mais aussi considère vraiment que la bonne information du public est une priorité. Donc, seule la voix de la présidente a évité, à la journaliste, le grief d’exactitude ou de véracité. Peut-on y voir un acte de corporatisme où il fallait sauver le bon soldat Léa Salamé ? Elle n’a pourtant pas répondu aux questions du CDJM, ce manque de respect du CDJM aurait pu lui valoir moins de clémence comme en témoigne l’expression minoritaire.
Cependant, le CDJM a évalué par consensus « que le média, éditeur de la séquence disponible en ligne a posteriori, a enfreint celle qui impose de rectifier une erreur ou toute information qui se révèle inexacte de manière rapide, explicite, complète et visible ». Les autres griefs n’étant pas jugés fondés.
En conclusion, la CJR ne juge pas fondé le grief contre Aurélien Rousseau, l’ARCOM non plus, mais le CDJM faisant preuve de plus d’objectivité estime que France Inter n’a pas respecté les règles et il s’en est fallu vraiment de peu pour que Léa Salamé, pourtant journaliste expérimentée, ne se retrouve avec un grief d’exactitude et de respect de la véracité. Gageons qu’à la lecture de la dernière étude publiée et revue par les pairs qui conclut à la non-efficacité de la vaccination et l’aggravation de la maladie postérieurement à la vaccination dans de nombreux cas, la conclusion aurait pu être différente.
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