◄ Autres villes

Le site des sorties entre amis et rencontres amicales dans ta ville.
         
Vacances inter OVS ►
Forums > Salon de thé
Autres forums sur des centres d'intérêt précis :
Grâce à ton aide, le site restera sympathique comme tu l'aimes !

Quel problème veux-tu soumettre à la communauté ?






◄◄1718192021222324252627►►

Poésies et Poètes
Auteur : Primevere13  
169/231

Date :    19-08-2024 15:15:35


Le dormeur du val

C'est un trou de verdure où chante une rivière
Accrochant follement aux herbes des haillons
D'argent ; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons.

Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort ; il est étendu dans l'herbe, sous la nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.

Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.

Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.

Arthur Rimbaud
Auteur : Shangai  
170/231

Date :    20-08-2024 13:54:49


*** Une allée du Luxembourg ***

Elle a passé, la jeune fille
Vive et preste comme un oiseau
À la main une fleur qui brille,
À la bouche un refrain nouveau.

C'est peut-être la seule au monde
Dont le cœur au mien répondrait,
Qui venant dans ma nuit profonde
D'un seul regard l'éclaircirait !

Mais non, – ma jeunesse est finie…
Adieu, doux rayon qui m'as lui, –
Parfum, jeune fille, harmonie…
Le bonheur passait, – il a fui !

Gérard de Nerval
Auteur : Primevere13  
171/231

Date :    20-08-2024 15:16:06


Petite pluie d’été

Petite pluie d’été,
Petite pluie que j’aime
Tombe sur les ramiers,
Tombe sur les troènes,
Tombe sur les brebis
Rentrant du pâturage,
Tombe sur moi aussi
Qui lui tends mon visage.

Puis elle prend la nuit
Doucement par la manche
Et doucement se penche
Sur la route qui luit.

Petite pluie que j’aime
Petite pluie d’amour
Efface les troènes,
Les ramiers,
Le grand jour,
Efface les brebis,
Efface les visages
Et laisse le village
Entrer seul dans la nuit.

Maurice Carême
Auteur : Primevere13  
172/231

Date :    30-08-2024 13:51:50


S'il était le plus laid
De tous les chiens du monde,
Je l'aimerais encore,
À cause de ses yeux.

Si j'étais le plus vieux
De tous les vieux du monde,
L'amour luirait encore
Dans le fond de ses yeux.

Et nous serions tous deux,
Lui si laid, moi si vieux,
Un peu moins seuls au monde,
À cause de ses yeux.

Pierre Menanteau
"Le vieux et son chien"
Auteur : Primevere13  
173/231

Date :    31-08-2024 17:43:33


Andrée Chédid

L'arbre

Parcourir l'arbre
Se lier aux jardins
Se mêler aux forêts
Plonger au fond des terres
Pour renaître de l'argile

Peu à peu

S'affranchir des sols et des racines

Gravir lentement le fût
Envahir la charpente

Se greffer aux branchages

Puis dans un éclat de feuilles
Embrasser l'espace
Résister aux orages
Déchiffrer les soleils
Affronter jour et nuit

Évoquer ensuite
Au cœur d'une métropole
Un arbre un seul
Enclos dans l'asphalte
Éloigné des jardins
Orphelins des forêts

Un arbre

Au tronc rêche

Aux branches taries

Aux feuilles longuement éteintes

S'unir à cette soif
Rejoindre cette retraite
Écouter ces appels

Sentir sous l'écorce
Captives mais invincibles
La montée des sèves
La pression des bourgeons
Semblables aux rêves tenaces
Qui fortifient nos vies

Cheminer d'arbre en arbre
Explorant l'éphémère
Aller d'arbre en arbre
Dépistant la durée.
Auteur : Shangai  
174/231

Date :    02-09-2024 22:10:01


***** Fumée *****

Là-bas, sous les arbres s’abrite
Une chaumière au dos bossu ;
Le toit penche, le mur s’effrite,
Le seuil de la porte est moussu.

La fenêtre, un volet la bouche ;
Mais du taudis, comme au temps froid
La tiède haleine d’une bouche,
La respiration se voit.

Un tire-bouchon de fumée,
Tournant son mince filet bleu,
De l’âme en ce bouge enfermée
Porte des nouvelles à Dieu.

Théophile Gautier
Auteur : Primevere13  
175/231

Date :    03-09-2024 13:34:25


LIBERTÉ

Sur mes cahiers d'écoliers.
Sur mon pupitre et les arbres
Sur le sable sur la neige
J'écris ton nom.

Sur toutes les pages lues
Sur toutes les pages blanches.
Pierre sang papier ou cendre
J'écris ton nom.

Sur les images dorées
Sur les armes des guerriers
Sur la couronne des rois
J'écris ton nom.

Sur la jungle et le désert.
Sur les nids sur les genêts
Sur l'écho de mon enfance
J'écris ton nom.

Sur les merveilles des nuits.
Sur le pain blanc des journées
Sur les saisons fiancées
J'écris ton nom.

Sur tous mes chiffons d'azur
Sur l'étang soleil moisi
Sur le lac lune vivante
J'écris ton nom.

Sur les champs sur l'horizon
Sur les ailes des oiseaux
Et sur le moulin des ombres
J'écris ton nom.

Sur chaque bouffée d'aurore
Sur la mer et sur les bateaux
Sur la montagne démente
J'écris ton nom.

Sur la mousse de nuages
Sur les sueurs de l'orage
Sur la pluie épaisse et fade
J'écris ton nom.

Sur les formes scintillantes
Sur les cloches des couleurs
Sur la vérité physique
J'écris ton nom.

Sur les sentiers éveillés
Sur les routes déployées
Sur les places qui débordent
J'écris ton nom.

Sur la lampe qui s'allume
Sur la langue qui s'éteint
Sur mes maison réunies
J'écris ton nom.

Sur le fruit coupé en deux
Du miroir et de ma chambre
Sur mon lit coquille vide
J'écris ton nom.

Sur mon chien gourmand et tendre
Sur ses oreilles dressées
Sur sa patte maladroite
J'écris ton nom.

Sur le tremplin de ma porte
Sur les objets familiers
Sur le flot du feu béni
J'écris ton nom.

Sur toute chair accordée
Sur le front de mes amis
Sur chaque main qui se tend
J'écris ton nom.

Sur la vitre des surprises
Sur les lèvres attentives
Bien au-dessus du silence
J'écris ton nom.

Sur les refuges détruits
Sur mes phares écroulés
Sur les murs de mon ennui
J'écris ton nom.

Sur l'absence sans désir
Sur ma solitude nue
Sur les marches de la mort
J'écris ton nom.

Sur la santé revenue
Sur le risque disparu
Sur l'espoir sans souvenir
J'écris ton nom.

Et dans le pouvoir d'un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommer.
LIBERTÉ

Paul Éluard
Auteur : Primevere13  
176/231

Date :    04-09-2024 19:21:20


L’ARTISTE

Il voulut peindre une rivière ;
Elle coula hors du tableau.
Il peignit une pie grièche ;
Elle s’envola aussitôt.
Il dessina une dorade ;
D’un bond, elle brisa le cadre.
Il peignit ensuite une étoile ;
Elle mit le feu à la toile.
Alors, il peignit une porte
Au milieu même du tableau.
Elle s’ouvrit sur d’autres portes,
Et il entra dans le château.

Maurice Carême

◄◄1718192021222324252627►►



Retour à l'index du Forum

« Voir les autres
Viens discuter sur le forum
Pros : créez & placez votre annonce ici »