|
33/82
Date : 12-08-2025 20:09:42
Elle avait dans les mains.
.
Elle avait dans les mains, une rose coupée,
Une écharpe de feu, par le vent, enlacée.
Sous des contours noircis, ses yeux étaient deux lacs.
Ses cheveux noirs corbeau avaient quelques ressacs.
Le jour était en pluie et en sombres nuages,
Un temps triste à mourir pour de tristes naufrages.
.
Elle avait dans les mains, une rose coupée,
Mais l’épine en plein cœur et l’âme soulevée,
Par l’ombre du passé et comme un long tourment,
Si fragile et si frêle et si forte pourtant,
Son parfum si léger, semblant des plus étranges,
Avait de vieux jardins, la subtile fragrance.
.
Elle avait dans les mains, une rose coupée,
Puis des lèvres carmin, une robe moirée,
Aux couleurs de la nuit et aussi ce collier,
Qu’il lui avait offert, à la fin d’un été.
Le sombre lui allait comme écrin pour le drame
De cet amour perdu, éteint comme une flamme.
.
Elle avait dans les mains, une rose coupée,
Un sourire parfois, en tristesse voilée,
Pour le chant d’un oiseau, pour quelque souvenir,
Pour oublier l’instant et ce pauvre avenir,
En réponse à ces gens de paroles gentilles,
Mais gardait le silence au-delà des broutilles.
.
Elle avait dans les mains, une rose coupée,
Soudain, elle s’avança et, quelque peu voutée,
Elle lâcha la fleur, qui se mit à tourner,
Tourner, tourner encor, juste avant de tomber,
Avec un léger bruit qui lui sembla immonde,
Sur le bois du cercueil dans le fond de la tombe.
.
Philippe Regnault.
|