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Date : 21-02-2024 13:07:47
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20/02/2024
La discrète grève des pompiers azuréens, inquiets de la multiplication des cancers dans leurs rangs
Plus de 90% des sapeurs-pompiers des Alpes-Maritimes sont en grève pour demander au gouvernement de légiférer afin de mieux les protéger et de reconnaître de nouvelles maladies professionnelles.
Depuis le 8 février, des messages sont apparus sur les carlingues rouges des sapeurs-pompiers des Alpes-Maritimes. «Pompiers empoisonnés, épuisés, en grève» ou encore «Héros en chimio», peut-on lire sur les différents véhicules de service. Une mobilisation discrète puisque les soldats du feu azuréens continuent d’assurer leurs missions, mais celle-ci traduit une réelle inquiétude de fond face aux risques de maladies et plus particulièrement de cancers auxquels ils sont exposés.
Plus de 90% des pompiers maralpins suivent le mouvement, indique André Goretti, représentant de la Fédération autonome, premier syndicat des services départementaux d’incendie et de secours (SDIS). Il prévient que la grève ne va pas s’arrêter de sitôt. «Nous ne sommes pas de la chair à canon», martèle-t-il pour interpeller et faire passer le message.
Derrière cette mobilisation, les pompiers espèrent faire prendre conscience des risques qu’ils encourent à affronter les flammes au quotidien et du peu de protection qu’ils ont en échange. André Goretti dénombre «beaucoup trop de collègues» atteints de cancers, «et souvent des jeunes», précise-t-il avec désolation. «Forcément, on se pose souvent des questions», insiste le pompier antibois, rappelant que ces revendications «datent mais ne sont toujours pas entendues».
«Substances qui nous empoisonnent»
Pour eux, il ne fait plus de doute que les soldats du feu sont touchés par de graves maladies plus que d’autres professions du fait d’être en contact avec des produits toxiques et potentiellement contaminants. Ciblés, les retardateurs de flammes sur les matériaux en bois ou encore les polychlorobiphényles (PCB), «des substances qui nous empoisonnent, c’est avéré par des études scientifiques», s’agace André Goretti.
Un documentaire diffusé la semaine dernière sur France 5 intitulé Vert de rage, la contamination à petit feu, a fini de faire grimper la colère et l’inquiétude dans les rangs des sapeurs-pompiers. Dans les Alpes-Maritimes, les combats à mener face à la multiplication des feux de forêts ne rassurent pas davantage. «Nous manquons de protections pour nos voies respiratoires», explique André Goretti.
«Quand on me diagnostique cette maladie, c’est comme une claque dans la gueule, je me demande si ma carrière ne va pas s’arrêter soudainement», a témoigné l’adjudant-chef Florent Lavaca au micro de France Bleu Azur, mardi. Même s’ils assument les risques liés à leur métier, les pompiers ne pensaient pas pouvoir être «consommable jusque dans notre chair», a-t-il encore expliqué à la radio locale.
Avec ce mouvement, suivi également dans le territoire voisin du Var, les pompiers souhaitent que le gouvernement légifère pour obtenir de meilleures prises en charge. André Goretti prend l’exemple d’autres pays (les États-Unis, la Suède ou même la Belgique) dans lesquels davantage de maladies professionnelles sont reconnues en lien avec l’exercice de cette profession, contrairement à la France, où seul le cancer des poumons est référencé. Ils ont pour cela écrit à tous les parlementaires du département.
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