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Date : 21-11-2025 16:31:35
La danse des faux-culs. ( C'est la guerre ! )
C’est la danse des faux-culs,
Qui approchent sans bruit,
Un petit pas à droite,
Un clin d’œil bien poli.
Ils jurent qu’ils sont fidèles
Aux valeurs républicaines,
Mais laissent entrer les loups
Dans le bal des idées chelous.
Ils changent un mot par-ci,
Une phrase par-là,
Et reprennent sans frémir
Les refrains d’autrefois.
Ils parlent d’identité,
Oublient le droit du sol,
Et repeignent la rancœur
En bleu-blanc-rouge bien propre.
C’est la guerre : faut virer les assistés !
C’est la guerre : y’a trop d’étrangers !
C’est la guerre : faut reprendre le contrôle !
Et pendant qu’ils chantent ça,
Des droits humains, ils se moquent.
C’est la guerre : les chercheurs sont des wokes !
C’est la guerre : les juges sont de gauche !
C’est la guerre : avant expulsion, les OQTF en tôle
Ils font mine de danser
Un menuet, petit doigt levé,
Mais le rythme, en coulisses,
Est une marche bottée.
Ils dénoncent les excès,
Mais reprennent leurs obsessions bigotes.
Une république de sabres et de goupillons ils retricotent.
Ils disent « on veut le calme »,
Mais allument les quartiers,
Font mine de débattre,
Puis brandissent la matraque.
On fout des mômes en fiches,
Le droit des femmes en friche,
On flique tous les profs,
Et l’on joue la démocratie
En claquant des crocs.
C’est la guerre : les banlieues sont surveillées,
C’est la guerre : les pauvres suspectés,
C’est la guerre : les manifs dispersées,
Et ceux qui lèvent la tête
Seront vidéo-fichés.
C’est la guerre, mais dite avec distinction,
C’est la guerre, version débat d’opinion,
De maternelle grande section.
C’est la guerre, sans cris, sans pleurs :
Juste un bal bien fliqué
Par les semeurs de peur.
Et quand il se vide,
Que les spots déclinent,
Reste l’écho amer
Des valses assassines.
Ils diront « on savait pas »,
Qu’ils ont juste suivi,
Mais le parquet garde trace
De tous les faux-culs en sursis.
Car les tyrans d’hier
Ont tous fini brisés :
Dans les ruines de Berlin, Adolf.
Pétain dans le silence,
Mussolini exposé,
Franco, comme Pinochet, oublié.
Et bien d’autres, ailleurs,
Attendent leur inéluctable déchéance.
C’est jamais éternel,
Ce genre de danse.
C’était la guerre : ils l’ont criée pour gouverner,
C’est la guerre, et bientôt sera l’Histoire
Qui les regardera tomber
Dans la rue d’une révolution
Ou la cire des isoloirs.
Guy MASAVI ( auteur de nouvelles )
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