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Date : 08-01-2024 09:43:29
Je vous propose ce texte qui recueillera, je l’espère, un consensus général de la part de tous les participants.
Si l’on considère qu’une des conditions pour une perspective de paix en Palestine/Israël est la rupture de ce consensus belligène de la société israélienne, il paraît indispensable de s’interroger sur la meilleure façon d’y parvenir, ce qui suppose une approche conjointe d’écoute de la société israélienne comme accompagnement nécessaire d’une approche politique. Car le fait terrible que meurent 30.000 Palestiniens en Palestine ne peut annuler l’autre fait terrible que constitue la mort de 1.200 Israéliens en Israël. Tout autre calcul qui liquide les uns au nom des autres est un calcul politiquement et moralement faux. Pour un pacifiste, il est toujours nécessaire de rappeler que la vie humaine est une valeur fondamentale, que le respect de la vie humaine et la lutte pour les droits de l’être humain sont la base même de sa culture et de son engagement, ce qui signifie que regarder ce qui se passe dans la Palestine massacrée ne doit pas nous dispenser de regarder Israël blessé ou épouvanté. De même que comprendre les attentats suicide ne signifie pas les justifier, de même tenter de comprendre les traumatismes israéliens ne signifie pas non plus justifier l’occupation, la répression, les représailles. Bien au contraire, reconnaître, comprendre les dynamiques internes qui favorisent le comportement de l’armée et de l’Etat d’Israël en Palestine est absolument nécessaire si on veut chercher à y mettre fin. Prendre acte de l’état d’esprit de ceux qui vivent en Israël ou de ceux qui s’identifient à lui ne signifie pas nécessairement le partager mais écouter et ensuite raisonner pour permettre le retour du politique. En effet, si on ne part pas avec un effort de compréhension de la douleur et de la peur chez l’autre, sans oublier les peurs profondes y compris les peurs irrationnelles qui n’en sont pas moins authentiques, il est impossible d’imaginer qu’un discours de paix, c’est-à-dire de solution politique du conflit, puisse avoir une écoute suffisante dans une société traumatisée.
Cette société a besoin de retrouver en elle-même à la fois une certaine forme de rationalité politique et une sorte d’espérance visionnaire qui a pu la porter à un moment de son histoire. Cela suppose aussi qu’Israël retrouve le sens de la limite qui lui permette d’accepter ses frontières et de reconnaître sur un plan de dignité et d’égalité des droits « l’autre », c’est-à-dire le peuple palestinien, sans que celui-ci soit perçu comme menaçant et sans non plus qu’il se sente menacé. Si ainsi les Palestiniens peuvent essayer librement de se construire une vie digne réduisant de plus en plus les espaces pour le désespoir et la tentation du martyre, alors les deux peuples pourront se donner des représentations politiques adéquates et construire une coexistence pacifique raisonnable préalable à toute perspective de réconciliation.
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