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Date : 18-10-2025 14:37:31
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16/10/2025
"Make Europe Healthy Again", à Bruxelles, les interviews de Perronne, Fouché et Malone qui appellent à la refonte de la Santé en Europe
Avant-Hier, France-Soir était au Parlement européen qui accueillait le lancement de Make Europe Healthy Again (MEHA), initié par l’eurodéputé autrichien Gérald Hauser. Réunissant médecins, chercheurs, juristes et élus venus de plusieurs continents, l’événement a posé les bases d’une plateforme engagée pour « faire de la santé publique un bien commun, à l’abri des conflits d’intérêt et des dérives bureaucratiques ». Porté par la médecin autrichienne Maria Hubmer-Mogg, ce projet entend réformer la gouvernance sanitaire européenne, dénoncer la dépendance de l’Agence européenne des médicaments à l’industrie, et promouvoir une transparence accrue.
Les interventions de figures comme le cardiologue britannique Aseem Malhotra et le chercheur américain Robert Malone ont marqué le ton : remettre la prévention, l’éthique et la souveraineté au cœur de la santé, contre ce qu’ils qualifient de « capture commerciale » du savoir scientifique. Entre critiques de l’OMS, plaidoyer pour le consentement éclairé et défense d’une approche globale de la santé — intégrant environnement, nutrition et liberté individuelle —, la journée a pris des airs de manifeste. Hubmer-Mogg appelant à « réhabiliter la pluralité des approches ».
Le Pr Christian Perronne, s’est réjoui de cette initiative « d’Européens, notamment d’Autriche », soutenue par des figures américaines « proches de l’équipe de Kennedy ». Il a salué « la richesse des échanges entre médecins, chercheurs, avocats, journalistes », estimant que « quelque chose démarre en Europe pour restaurer la santé ». Selon lui, MEHA pourrait devenir un catalyseur pour rassembler les collectifs de terrain en France et ailleurs : « Si cette initiative internationale permet à ceux qui travaillent chacun dans leur coin de se parler et de collaborer, ce serait formidable. Plus on sera ensemble, plus on sera forts. » Tout en affirmant ne « pas croire à l’utopie d’une Europe unie pour la santé », il voit dans le dialogue transnational un levier concret pour peser sur les politiques publiques. « Ce que fait Kennedy aux États-Unis est prodigieux : il lutte contre la corruption, pour une alimentation saine et pour une recherche enfin intègre », a-t-il ajouté, appelant à s’inspirer de cette dynamique pour « changer la politique en Europe ».
Parmi les voix françaises, celle du Dr Louis Fouché s’est distinguée par un discours à la fois symbolique et ancré dans une réflexion éthique profonde. « Nous sommes au cœur du mal, dans le temple de l’Union européenne », a-t-il déclaré en évoquant les barbelés qui entourent le Parlement de Bruxelles, image selon lui du paradoxe d’une démocratie « prise dans ses propres filets ». Membre à la fois du Steering Committee et de l'International Advisory Board de MEHA, Fouché assume un rôle actif dans la gouvernance du mouvement, tout en insistant sur la nécessité de rester « non-clivant, non-partisan, non-politicien ».
MEHA doit incarner une renaissance humaniste, capable de fédérer au-delà des idéologies : « Quand on met des humains ensemble, ils ont envie de construire quelque chose de plus beau. » Il plaide pour une santé « intégrale et intégrative », ouverte aux savoirs et médecines traditionnels comme l’ayurvéda, la médecine chinoise ou l’homéopathie, et critique la mainmise des grandes industries : « Aujourd’hui, ce sont les conseils d’administration des multinationales qui décident de ce que vous mettez dans votre corps. »
Louis Fouché rappelle l’urgence de retrouver la souveraineté sanitaire et politique : « Pourquoi laisser notre souveraineté dans les mains de tutelles internationales, financières ou institutionnelles ? Il y a un moment, il faut dire non. » Mais derrière son engagement, pointe aussi une mise en garde. Le médecin redoute que Make Europe Healthy Again ne devienne qu’un prolongement du mouvement américain, voire une forme de néo-colonialisme idéologique : « Si c’est un nouveau plan Marshall, imposant encore ses vues à l’Europe, je ne souhaite pas en faire partie. » Pour lui, MEHA ne doit pas reproduire la dépendance d’après-guerre, mais s’émanciper d’elle : bâtir une Europe de la santé réellement autonome, capable d’innover sans se soumettre. Il plaide ainsi pour une déclinaison française du mouvement, non pas sous forme de parti, mais comme « une plateforme de politique de santé dont n’importe quel parti puisse s’emparer », dans un esprit de liberté, d’équilibre et de coopération entre les peuples.
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