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Date : 11-11-2025 10:56:08
"On joue la santé des Français sur un tableau Excel": en grève, les médecins radiologues coupent l'image et haussent le ton
Silence radio dans de nombreux cabinets libéraux à Besançon, Vesoul, Lons-le-Saunier, Dijon ou Mâcon ce lundi 10 novembre 2025. Comme partout en France, les médecins radiologues de la région redoutent de nouvelles baisses tarifaires concernant l'imagerie médicale. On passe au scanner les raisons de la grève.
Écrit par Emmanuel Deshayes
Publié le 09/11/2025
Extraits :
À l'appel de la Fédération nationale des médecins radiologues (FNMR), les professionnels sont en effet appelés à fermer leurs cabinets partout en France ce lundi 10 novembre 2025 pour dénoncer de nouvelles baisses tarifaires concernant l'imagerie médicale, imposées en octobre par l'Assurance maladie ou prévues dans le prochain budget de la sécurité sociale.
Tout est venu d'un rapport de l'Inspection générale des affaires sociales (IGAS), remis "en catimini, en plein mois de juillet" et "avec beaucoup de mensonges à l'intérieur", explique Abdellah Mouman qui, lui, représente le FNMR dans le département du Doubs.
Ce rapport dresse un état des lieux et examine "la pertinence et l'efficience des dépenses de radiologie" dans l'Hexagone. Il relève "une rémunération des radiologues deux fois supérieure à celle des autres médecins spécialistes" et une "forte rentabilité" du secteur, de l'ordre de 11 %.
Les experts ont noté aussi "une surcompensation des investissements par le forfait technique et des perspectives de forte hausse de productivité via l’IA (l'intelligence artificielle, NDLR)". Le "forfait technique", remboursé intégralement par l'assurance maladie, est différent de l'acte d'imagerie médicale qui correspond à l'interprétation faite par le médecin radiologue. C'est cette cotation qui couvre en fait les coûts d'acquisition et d'entretien de l'infrastructure, IRM ou scanner. Le rapport préconisait la baisse de son montant ainsi que d'autres mesures pour "des économies potentielles à hauteur de 500 millions d'euros par an".
Le 14 octobre dernier, l'Union nationale des caisses d'assurance maladie (UNCAM) a donc décidé la baisse de ces forfaits techniques à taux plein, en trois étapes : de 8% au 5 novembre puis de 10% en 2026, pour atteindre 12,6% début 2027. Un protocole imagerie imposé unlitatéralement aux radiologues, sans aucune consultation.
[u]Il est écrit dans ce rapport que les activité IRM et scanner donnaient 70 % de bénéfices. D'où sort ce chiffre ? Honnêtement, j'aimerais bien le savoir. On emploie aussi le terme de "rentiers" pour parler des radiologues, alors qu'on fait entre 50 et 60 heures par semaine. On s'est senti insulté !
Abdellah Mouman, radiologue, président de FNMR pour le Doubs.[/u]
1,5 milliard d’euros de baisses tarifaires en 10 ans
Depuis dix ans, les radiologues ont dû faire face à plus de 1,5 milliard d’euros de baisses tarifaires, se défend la FNMR. Et le syndicat rappelle, dans un communiqué, tous les efforts déjà consentis par les spécialistes. "Ils ont pris en charge les investissements numériques (archivage des images, sécurité, cybersécurité, interopérabilité), supporté l’inflation sur l’énergie, les salaires, la maintenance, et assumé de nombreuses missions non rémunérées (réunions pluridisciplinaires, audits, conformité, etc.). Pendant ce temps, ils réalisent près de 80 millions d’actes par an, dont une grande majorité permet un diagnostic plus rapide et des traitements plus efficaces, plus légers et souvent moins coûteux."
"C'est vrai que les dépenses d'imagerie ont augmenté, on ne le nie pas, explique Julien Puget. Mais 95% des examens sont prescrits par les généralistes et les spécialistes, pas par nous. Et ils obéissent à de nouvelles recommandations scientifiques." Et le radiologue vésulien de prendre pour exemple le dépistage du cancer de la prostate chez l'homme ou du cancer du sein chez la femme.
Malgré tout, les radiologues espèrent encore pouvoir peser sur le débat budgétaire et l'examen du PLFSS 2026. Notamment sur l'article 24 qui permettrait au directeur de la Caisse nationale d'assurance maladie (CNAM) de "passer en force, sans dialogue conventionnel". Sur l'article 26 aussi, qui vise à supprimer les dépassements d'honoraires. "Certains radiologues perdraient leur rentabilité", regrette Abdellah Mouman.
Pour lire l'article en entier
https://france3-regions.franceinfo.fr/bourgogne-franche-comte/doubs/on-joue-la-sante-des-francais-sur-un-tableau-excel-en-greve-les-medecins-radiologues-coupent-l-image-et-haussent-le-ton-3245953.html?utm_term=Autofeed&utm_medium=Social&utm_source=Facebook#Echobox=1762711950
En France, le salaire d'un radiologue varie selon l'expérience et le secteur. En moyenne, un radiologue gagne environ 137 000 euros par an (soit 11 416 euros par mois). En 2025, ce salaire pourrait atteindre 14 640 euros par mois, soit 175 680 euros annuels. Un radiologue débutant dans un hôpital public commence avec un salaire d'environ 2150 euros net par mois, tandis qu'un praticien expérimenté peut gagner jusqu'à 6400 euros net par mois.
Source Internet guide-metiers.fr
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