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Date : 28-01-2025 18:25:55
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28/01/2025
Le Monde d’Agnès Buzyn
Dans une tribune au journal Le Monde[1], l’ancienne ministre française de la santé, Agnès Buzyn, s’inquiète du retour de Trump aux affaires. Au nom de la Science et pour la démocratie. Ses motifs de craindre le casting de Trump sont‑ils aussi nobles qu’elle le proclame ?
Agnès Buzyn, ça ne vous dit rien ? La page Wikipedia qui lui est consacrée est déjà riche en enseignements. Mais tout n’y est pas. Petit rappel chronologique de sa fin de parcours.
2017. Pour sa tonitruante campagne électorale, Emmanuel Macron bénéficie de dons privés de personnalités qui ont fait fortune dans l’industrie, la finance, ou les labos pharmaceutiques. Un des plus gros soutiens du candidat se nomme Serge Weinberg[2], PDG de SANOFI Pasteur à l’époque. Ils sont amis depuis qu’ils se sont rencontrés à la Commission Attali[3] où Macron officiait comme rapporteur adjoint.
10 mai 2017. Une fois élu, Emmanuel Macron désigne Agnès Buzyn[4] ministre de la santé. Un des premières mesures de Mme Buzyn sera de rendre onze vaccins obligatoires[5] pour les enfants, contre trois jusqu’alors. Qui va profiter de cette décision ? SANOFI Pasteur, principal producteur français de vaccins infantiles. Et donc Serge Weinberg, l’ami du nouveau président. Où est la Science dans ce retour d’ascenseur ?
Très vite, Agnès Buzyn se trouvera confrontée à un problème de conflit d’intérêt liée à sa fonction puisque son mari, Yves Levy, est directeur‑général de l’INSERM[6] et candidat à sa propre succession, qu’elle doit approuver.
Le 23 février 2017, Yves Levy accompagne le premier ministre Cazeneuve à l’inauguration du laboratoire P4 de Wuhan, en Chine. Le laboratoire a été cofinancé par la France, avec notamment la participation du laboratoire et de la fondation Mérieux. Des expériences y seront menées notamment sur le gain de fonction, qui permettrait qu’un virus animal puisse être transmis à l’homme. Pour la Science ? Ces expériences, interdites sur le sol américain, ont notamment été financées à l’insu du Congrès américain par le NIAID, dirigé par Anthony Fauci[7]. La version officielle étant que les coronavirus ne sont pas étudiés à Wuhan, comme nous le répétaient les Décodeurs (la cellule fact‑checking) du Monde[8].
Décembre 2019 : Agnès Buzyn signe un décret interdisant l’utilisation sans ordonnance de l'hydrochloroquine, deux mois avant le début officiel de la pandémie. Dans ce même article, Le Monde nous précise que cette décision n’a rien à voir avec l’utilisation que font les médecins chinois de l’hydrochloroquine face au Sars‑Cov‑2, et donc rien à voir avec le protocole prôné par le professeur Raoult, aujourd’hui abandonné.
Mars 2020. Alors que la pandémie frappe l’Europe, Agnès Buzyn démissionne de son poste de ministre de la santé, officiellement pour être candidate LREM à la mairie de Paris, alors qu’elle savait ses chances infimes. Elle obtient 14% des voix au second tour des municipales.
Le 1er janvier 2022, Mme Buzyn reçoit la Légion d’honneur des mains d’Emmanuel Macron[9].
Pourquoi Buzyn craint‑elle Trump?
Revenons à la tribune de Mme Buzyn dans Le Monde. Elle écrit :
« Le retour de Donald Trump à la Maison Blanche suscite une profonde inquiétude de la communauté scientifique en raison de ses positions sceptiques vis-à-vis du consensus scientifique et de ses choix de nomination qui témoignent d’une claire hostilité aux faits établis. »
Analysons le vocabulaire utilisé par Mme Buzyn :
Communauté scientifique : Peut‑on vraiment parler d’une communauté quand celle‑ci exclut tous les scientifiques (dont des Prix Nobel) qui contestent le discours officiel ?
Faits établis : Dans l'article du Monde qui prenait la défense de Mme Buzyn contre les « complotistes », il était établi que le virus était d’origine naturelle[10]. C’est aujourd’hui largement mis en doute.
Ce qui inquiète Mme Buzyn, c’est probablement la présence dans l’équipe Trump du Dr. Jay Bhattacharya, professeur à la Stanford University Medical School. Cet homme discret, épidémiologiste de renom, avait mis sur pied la Great Barrington Declaration, qui a réuni 940 000 signatures, dont quelques prestigieuses. La déclaration débutait en ces termes : « En tant qu’épidémiologistes des maladies infectieuses et scientifiques spécialisés en santé publique, nous sommes inquiets des impacts physiques et mentaux causés par les politiques actuelles contre le COVID‑19 et nous recommandons une approche alternative que nous appelons Protection focalisée (Focused Protection) »[11]. À contrario de cette position scientifique modérée, Le Monde défend la thèse selon laquelle plus les confinements ont été stricts, meilleurs ont été les résultats. Le quotidien s’appuie sur une étude de l’institut Pasteur totalement biaisée à la source, comme l’ont montré plusieurs spécialistes[12].
On peut supposer aussi que Mme Buzyn redoute la présence de l’avocat Robert Kennedy Junior dans l’équipe Trump. Une personnalité que Le Monde lynche sans aucune nuance[13]. Dans un livre sorti en 2021[14], Kennedy a documenté les manœuvres du Dr Fauci autour du labo P4 de Wuhan, et l’utilisation des fonds publics américains en toute opacité. Pour rappel, Anthony Fauci était le principal conseiller à la Maison Blanche pour la gestion de la crise sanitaire sous Trump 1 et sous Biden. Fauci a notamment imposé la distanciation sociale, sans aucun élément scientifique pour appuyer la distance recommandée de 6 pouces (1,5 m).
Le Président sortant Joe Biden a gracié préventivement et rétroactivement le Dr Fauci. Officiellement pour empêcher que Trump s’acharne sur ses opposants, ce qui n’a pas beaucoup de sens puisque le Trump avait adoubé Fauci. Cette grâce confirmerait plutôt que Fauci a menti et risquait des ennuis judiciaires.
En guise de conclusion… Si, pour Mme Buzyn, le rôle de la science dans une démocratie est de valider les décisions politiques plutôt que de reposer sur une démarche indépendante et rationnelle, on peut comprendre son inquiétude. On peut également se demander si elle ne cherche pas à discréditer ceux qui, tôt ou tard, s’interrogeront sur les responsabilités de l’ex‑ministre de la santé au début de la pandémie.
Bernard Crutzen
Réalisateur documentaire
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