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Date : 21-10-2025 13:06:07
Sarkozy en prison, “une forme de justice morale pour de nombreux Africains”
Au jour de l’incarcération de l’ancien président de la République à la prison de la Santé, suite à sa condamnation dans l’affaire libyenne, ce journaliste guinéen souligne le souvenir que Nicolas Sarkozy a laissé sur le continent, et l’impression de nombreux Africains “qu’il paie les péchés accumulés” sur leur dos.
Le Djely
21 octobre 2025
Extraits :
En Afrique notamment, cette chute suscite un intérêt particulier, tant les rapports entre Sarkozy et le continent noir furent faits d’arrogance, de promesses trahies et de blessures encore ouvertes. Lui qui, le premier, promettait de rompre avec la Françafrique, se retrouve pris au piège d’une affaire libyenne qui le fait passer, ironie du sort, pour l’un des plus fidèles héritiers de ce système qu’il jurait de démanteler.
Durant sa présidence, Sarkozy aura multiplié les maladresses et les provocations à l’égard de l’Afrique. Son fameux discours de Dakar en juillet 2007, où il affirmait, péremptoire et un brin provocateur, que “l’homme africain n’[était] pas assez entré dans l’histoire”, reste à ce jour une blessure symbolique, révélatrice de sa méconnaissance des réalités africaines et de son manque d’humilité. Derrière son prétendu franc-parler se cachait un mépris à peine voilé.
Sarkozy, c’est aussi une série de promesses non tenues. Qu’il s’agisse de la réduction de l’empreinte militaire sur le continent ou de ses liens avec certains régimes autoritaires, qu’il aura défendus au détriment des droits humains et de l’idéal démocratique, il aura surtout prolongé les pratiques qu’il prétendait combattre.
Mais le plus lourd de ses héritages reste incontestablement son intervention militaire en Libye et la mort de Mouammar Kadhafi. Cette décision, motivée autant par des calculs géopolitiques que par des ambitions personnelles, incarne à elle seule la persistance du réflexe françafricain. Beaucoup d’Africains ne lui ont jamais pardonné cet épisode tragique, non seulement pour la disparition d’un dirigeant perçu, à tort ou à raison, comme un symbole d’émancipation africaine, mais aussi pour le chaos que cette guerre a engendré. Le démantèlement de l’État libyen ayant favorisé la prolifération des armes et l’essor des groupes terroristes, plongeant le Sahel dans une insécurité chronique dont les peuples paient encore aujourd’hui le prix fort.
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