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Date : 31-10-2025 11:07:28
« Lâche cette casserole ou je te tire une balle dans la tête » : aux États-Unis, le policier derrière le meurtre raciste de Sonya Massey reconnu coupable
Le tueur de Sonya Massey, morte d’une balle en juillet 2024, Sean Grayson, a été reconnu coupable dans l'État de l’Illinois. Il encourt jusqu’à vingt ans de prison. Les conditions du meurtre, la victime étant une civile noire sans arme et le tireur un policier blanc en position de force, avaient ravivé le spectre du racisme systémique et mortel toujours prégnant aux États-Unis.
Publié le 30 octobre 2025
Tom Demars-Granja
Le temps d’une vidéo, diffusée largement sur les réseaux sociaux, c’est tout un pan de l’Histoire des États-Unis qui s’est rouvert. Début juillet 2024, le monde entier a vu une nouvelle personne noire froidement abattue par la police. Sonya Massey, âgée de 36 ans et mère de deux enfants, est morte à son domicile, à Springfield (Illinois), dans la nuit du 6 juillet.
Celui qui était alors adjoint du shérif du comté de Sangamon, Sean Grayson, lui a tiré une balle dans la tête. Près d’un an plus tard, l’ex-policier a été reconnu coupable du meurtre au deuxième degré de Sonya Massey. Son audience définitive, au cours de laquelle sera prononcée la peine, est prévue pour le 29 janvier 2026.
Sean Grayson encourt jusqu’à vingt ans de prison. Interrogé par le Washington Post, l’avocat de Sean Grayson, Daniel Fultz, a refusé de commenter le verdict. « James Wilburn, le père de Massey, a réclamé la peine maximale (…) sous les acquiescements de ses proches », relate le journal états-unien.
« Si on peut éviter un incendie »
C’est Sonya Massey qui avait appelé la police, peu après minuit, effrayée à l’idée que des intrus rôdent autour de chez elle. L’entièreté de la scène a été filmée par la caméra intégrée de Dawson Farley, l’agent ayant accompagné Sean Grayson, tous deux arrivés près d’une demi-heure après l’appel de Sonya Massey. Les policiers ont fouillé les alentours, puis sont entrés dans sa maison après lui avoir signifié qu’ils n’ont rien trouvé hormis les traces d’une voiture.
Très vite, le comportement de la mère de famille laisse apparaître une désorientation et la peur d’être violentée. Tandis qu’elle cherche des papiers d’identité, l’un des deux agents lui demande de retirer une casserole remplie d’eau bouillante du feu. « Si on peut éviter un incendie tant qu’on est là », lance Sean Grayson, avant que lui et Dawson Farley ne se reculent et commencent à rigoler. Sonya Massey, ustensile de cuisine en main, leur répond : « Je vous réprimande au nom de Jésus. »
Rien dans son comportement laisse présager un possible accès de violence. « Lâche cette casserole ou je te tire une balle dans la tête », réplique Sean Grayson. Sonya Massey s’excuse immédiatement et se baisse, toujours avec la casserole en main. Une seconde plus tard, elle se retrouve au sol. Sean Grayson a tiré trois coups de feu, touchant une fois la victime.
Des troubles mentaux
Dawson Farley propose d’appeler les secours, ce à quoi le tireur répond : « C’est une balle dans la tête, mec. » Les proches de la victime, comme les rapports de police, confirment que Sonya Massey souffrait de troubles mentaux. La vidéo du meurtre s’est par la suite retrouvée sur les réseaux sociaux, déclenchant une vague d’indignation face à un énième meurtre raciste d’une citoyenne noire par un policier blanc, seulement quatre ans après les morts d’Ahmaud Arbery, Breonna Taylor et George Floyd.
Les habitants de Springfield ont rapidement formé la Commission Massey, chargée d’identifier les cas de racisme systémique au sein de l’administration locale et de les condamner. Le shérif du comté de Sangamon, derrière l’embauche de Sean Grayson, a quant à lui démissionné, tandis que le gouverneur de l’État, Jay Robert Pritzker (Parti démocrate), a promulgué une loi réformant les recrutements dans les commissariats locaux, dès le mois d’août.
Depuis, les services de police ont l’obligation d’examiner en détail le parcours professionnel des candidats. Cette mesure, qui n’aurait vraisemblablement pas mis un terme au racisme ancré dans les fondations des États-Unis, aurait au moins pu sauver Sonya Massey.
https://www.humanite.fr/monde/etats-unis/lache-cette-casserole-ou-je-te-tire-une-balle-dans-la-tete-aux-etats-unis-le-policier-derriere-le-meurtre-raciste-de-sonya-massey-reconnu-coupable
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