Le fil barbelé, comme fil conducteur, avec la frontière pour destination… C’est sur cette ligne de démarcation d’un monde en déliquescence, entre satire politique et critique sociétale, que le voyage de Nice trip nous embarque. Alors, admettons-le tout de suite : de cette traversée, personne ne rentrera indemne !

Menée de main de maître par Mathieu Desseigne-Ravel (acrobate et danseur chez Alain Platel) et Michel Schweizer (grand organisateur, chorégraphe iconoclaste de la modernité), cette mécanique des fluides implacable distille le fiel d’une humanité en repli sur elle-même. De la contorsion des idées à celle des corps, de l’enfermement de la pensée à l’aliénation de la chair, l’écriture ciselée des deux interprètes se confronte à la nécessaire et intelligente candeur du jeune Abel, magistral représentant de la génération à venir et des défis d’aujourd’hui.

Un pamphlet à l’âpreté douce-amère, acerbe et drôle, où la justesse de l’impertinence dit la pertinence du propos. C’est noir, rempli de nuance et de finesse. C’est effroyablement beau, comme un couperet qui scintille à la lumière d’un mirador…

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