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Date : 09-02-2025 09:26:41
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09/02/2025
USAID: corruption, ingérence, censure… la fin du règne américain?
L’administration Trump vient de geler l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) et ses milliards de fonds d’aide humanitaire annuels. Depuis, les révélations s’enchaînent sur l’attribution problématique de cette manne, compromettant «l’ingérence américaine secrète» dans la politique internationale et sa mainmise sur des milliers de médias à travers le monde.
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«L’USAID est une combinaison de trois choses: premièrement, une véritable aide humanitaire, à l’image de médicaments vitaux, explique Jeffrey Sachs. Deuxièmement, l'ingérence politique secrète dans la poursuite des objectifs de la politique étrangère américaine, y compris les opérations de changement de régime. Et troisièmement, certaines activités de développement économique de base, mais trop peu par rapport au point deux.»
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Ce qui est sûr, c’est l’influence internationale de l’USAID dans les médias. En témoigne le communiqué publié le 3 février par Reporter sans frontières (RSF), qui estime que «Le gel de l’aide internationale américaine par Donald Trump plonge le journalisme mondial dans le chaos». Comme d’aucuns le relèvent sur les réseaux sociaux, RSF se tire une magistrale balle dans le pied avec un communiqué qui n’a pas le moindre sens. L’organisation regrette «la perte des 268 millions de dollars alloués par le Congrès pour soutenir les médias indépendants et la libre circulation de l’information». Soulevant la question de savoir comment on peut être indépendant quand sa survie dépend d’une aide extérieure.
Selon Wikileaks, «l'USAID a fait passer près d'un demi-milliard de dollars par l'intermédiaire d'une ONG secrète financée par le gouvernement américain, «Internews Network» (IN), qui a «travaillé avec» 4291 médias, produisant en un an 4799 heures d'émissions touchant jusqu'à 778 millions de personnes et «formant» plus de 9000 journalistes (chiffres de 2023). L'IN a également soutenu des initiatives de censure des médias sociaux.»
Du propre aveu de Reporter sans frontières, neuf médias sur dix dépendent des financements de l’USAID en Ukraine.
Des médias sous influence
Mais – et c’est bien plus grave – les larges subventions de l’USAID aux médias s’accompagnent de consignes et de recommandations en tout genre. A y regarder d’un peu plus près, notamment dans le document intitulé Disinformation Primer de l’USAID promu auprès de ses «partenaires», on découvre plusieurs éléments qui peuvent être perçus comme une justification de la censure sous couvert de lutte contre la désinformation. Car les fausses informations sont un fléau qui «coûtent 78 milliards de dollars par an à l'économie mondiale, notamment en raison de la perte du cours des actions, de la gestion de la réputation de la marque et de l'investissement dans des campagnes de désinformation politique, selon une étude réalisée par Prevency, une société internationale allemande de conseil en gestion des risques de réputation et de crise», nous apprend la brochure.
Par exemple, on peut y lire une sorte de mode d’emploi destiné aux médias et journalistes partenaires. Ceux-ci sont invités à: «collaborer, convenir de politiques sur le silence stratégique, garantir des normes éthiques strictes dans tous les médias, démystifier les sources ainsi que le contenu, produire plus de segments et de reportages sur l'actualité, raconter des histoires sur l'ampleur et la menace représentées par le désordre de l'information, se concentrer sur l'amélioration de la qualité des titres, ne pas diffuser de contenu fabriqué.»
Pour lutter activement contre la «désinformation», l'USAID encourage la collaboration avec des entreprises comme Facebook, Twitter et Google. Ce type d'accord pose problème, car il confie à des entreprises privées le rôle d'arbitres de la vérité, ce qui peut mener à une suppression unilatérale de certaines opinions. On sait que ces plateformes ont déjà censuré des contenus légitimes, notamment pendant la pandémie de Covid, ou sur des sujets politiques sensibles, comme l’ont révélé les Twitter Files.
Le document suggère également que les gouvernements devraient intervenir plus activement pour limiter la diffusion de fausses informations. Cela ouvre la porte à des lois liberticides qui criminalisent des discours critiques envers les institutions ou le pouvoir en place. Certains États ont d'ailleurs déjà adopté des lois anti-«fake news» qui sont utilisées pour réprimer l'opposition et les journalistes indépendants. On peut également trouver dans ce fascicule des consignes pour lutter efficacement contre la désinformation, notamment en «discréditant la crédibilité et la réputation de ceux qui font de fausses allégations» et en «suscitant l’indignation morale».
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